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10 avril 2012

Qui suis-je ?

Sans révéler mon identité réelle, je vous dirai que je suis une femme plus proche de la soixantaine que des vingt ans.

Avant de parler de ma vie actuelle et comment je me suis fait connaître sur Internet, permettez-moi d’attaquer par le début. C’est un peu ce que font les auteurs dans leurs mémoires. J’ai encore bien ancrée en moi la lecture de « En marge » de Jim Harrison. Le livre commence par ses origines suédoises et celles de son père, sans pour autant dire explicitement que ce dernier descendait d’Irlandais. Il dit ceci : « Je crois que ces talents verbaux transmis de père en fils, il faut les considérer comme relevant de l’acquis plutôt que de l’inné génétique, du moins jusqu’à ce qu’on puisse prouver une idée aussi farfelue que la transmission génétique, même si je suis très enclin à penser qu’il y a quelque chose dans le sang irlandais qui favorise le pouvoir des mots. » Et, si ma mémoire est encore bonne malgré l’âge, il précise que son père lui avait transmis le goût pour, justement, les mots. Mais de là à en déduire que ce dernier était né d’émigrants irlandais… Cela dit, pourquoi pas ? Donc je vais suivre, en beaucoup moins de mots que l’excellent Jim Harrison qui en possède un total pouvoir irlandais, un parcours semblable.
Ma mère était une femme brune, typée comme ma grand-mère avec des pommettes saillantes très asiatiques, un nez retroussé et fin, de grands yeux noirs et des lèvres très proches de celles de la Reine d’Angleterre, née d’un père du Loiret, on dit je crois Loiretain, et d’une mère de Parthenay dans les Deux-Sèvres. Sa sœur (nonagénaire aujourd’hui et hospitalisée à vie dans un établissement de longs séjours pour personnes âgées) et elle virent le jour dans les années Vingt à Châlette-sur-Loing, Loiret. Cependant, mon grand-père étant un homme aux nombreuses professions l’amenant à exercer n’importe où, la famille immigra à Gretz-Sur-Loing en Seine-et-Marne. Les sœurs y vécurent toute leur enfance, et un peu plus il me semble. Ma mère adorait ce village. Mon grand-père, fils de paysans, était très attaché à la terre ; ma mère devait l’écouter tous yeux et oreilles ouverts quand il racontait tout ce qu’il savait de la nature. Elle aimait ça et jouait comme un garçon manqué à l’école, ce qui agaçait prodigieusement sa maîtresse. Celle-ci, du reste, et à cause de la réserve de ma mère, l’empêcha de passer son certificat d’étude. C’est ma tante qui l’eut, et même le brevet et une formation de secrétaire pour devenir libraire plus tard en se mariant, jusqu’à la retraite. Pourtant, ma mère était loin d’être illettrée et stupide. Mon père me donna un jour une carte postale qu’elle lui avait écrite au temps de leurs fiançailles d’une maison de repos où elle se remettait d’une importante anémie, ce qui lui arrivait assez fréquemment. Je l’ai relue récemment, eh bien je peux vous dire qu’il y a du style et pas une seule faute, avec une pointe d’humour de surcroît ! Si seulement elle n’avait pas été timide ! Combien je lui ressemble à ce propos… Par expérience, je sais que la timidité peut bloquer votre réalisation. Elle met des bâtons dans les roues dans tout, ah ça oui ! Elle vous rend parfois colérique au point de fausser vos relations avec les gens, les plus proches comme les plus éloignés. Il faut sans cesse la combattre.
Né à Metz d’une mère lorraine et d’un père Savoyard de Chambéry, mon père rentra jeune dans l’Armée. Il fit une grande école militaire très connue, puis démobilisé à la guerre de quarante, il devint résistant à vingt ans dans la capitale d’une province où ses parents avaient trouvé asile et une profession. Ce n’est qu’après la guerre qu’il retrouva l’Armée de Terre et reprit du galon jusqu’à sa retraite militaire en 1963 quand il entra dans le civil. Il trouva une bonne situation grâce aux études qu’il fit à l’Armée, et nous vécûmes une bonne dizaine d’années dans un petit village adorable de l’Essonne, l’un des rares à ne pas devenir une cité dortoir, comme les villes qui l’entourent. Il n’a pas changé, enfin pas trop. Je vais quelquefois sur Google Earth et parcours mon Gretz-Sur-Loing à moi. Comme je le reconnais !
Au bout de ces dix ans, j’en avais vingt, mon père changea de métier et nous nous retrouvâmes à Madrid, seuls mes parents et moi, mon frère et ma sœur vivant leur vie d’adulte de leur côté. J’ai ainsi vécu douze ans, les meilleurs, en Espagne. Je parle encore l’espagnol et l’écris presque comme le français.
Puis ce fut le retour en France en 1986, encore dans l’Essonne mais cette fois dans une petite ville toute proche de mon village d’adolescence. Ma mère mourut trois ans plus tard d’une rupture d’anévrisme. Mon père se remaria un an après avec une Madrilène occasionnant quelques tensions entre ses enfants et cette personne. Vivant encore chez lui, je dus partir dans une autre ville d’Essonne plus importante et vraiment une cité. S’ensuivirent des déboires dans ma vie, santé, mauvaise relation de concubinage, fuite et installation à Paris dans un studio de dix-neuf mètres carrés qui ne me convient pas, et pourtant c’est là que j’aurai vécu le plus longtemps quand j’en sortirai prochainement pour un F2 en HLM.
Et puisque je parle de moi maintenant, j’ajoute que je suis poliomyélite depuis l’âge de trois ans. J’ai marché avec des orthèses aux jambes et des cannes, puis, pour être plus autonome dans mes déplacements quand mes appareils cassaient, j’ai pris un fauteuil roulant manuel. C’était à Madrid. Les problèmes de santé s'accroissant depuis une vingtaine d’années, devenant asthmatique un an après la disparition de ma mère, le fauteuil a totalement remplacé la marche. En Espagne, j’avais tout connu, l’amour, la musique que je chérissais, les amis, une langue et une culture, un mode de vie que je regrette encore. L’Espagne, c’était la liberté, la société, passée à l'as par des années d'hospitalisation et de reclusion en étudiant à la maison, même si pour l'assimiler j’ai dû en requérir à de l’aide psychologique, une psychothérapie frommienne durant cinq ans. Vous connaissez Erich Fromm ? C’était un disciple de Freud aux mêmes origines que lui, mais dissident de sa méthode. Si Freud disait que tout tournait autour du sexe, Fromm faisait de l’amour l’élément le plus vital de l’humanité, une nécessité absolue. Mais entendons-nous bien, pas l’amour physique, du moins pas uniquement lui, sinon le simple et pur acte d’aimer, l’amour inconditionnel, donnant-donnant, décrit comme une faculté à développer tel un art. J’ai aimé cette pensée, et j’ai lu Fromm en espagnol, les livres conseillés par ma psy qui étaient « La peur de la liberté » et son splendide « L’art d’aimer ». C’était à Paris, et cela m’a fait le plus grand bien, même si plus tard il m’a fallu y repenser lorsque j’ai eu mes ennuis avec le Basque…
Ayant tenu tête à ma famille, après avoir boudé ma scolarité car je détestais l’orientation qui m’avait été attribuée en troisième, une formation professionnelle genre secrétariat ou comptabilité, que j’ai faite à contrecoeur, et que j'ai brillamment ratée, à l’hôpital de Garches quand j’étais hospitalisée pour une importante opération de la colonne vertébrale, et puisque je possédais un piano, je me suis lancée dans des études musicales. Après l’espagnol en cours intensifs à Madrid, j’ai consacré toutes mes années espagnoles à la musique. Je l’ai même enseignée à des enfants débutants au black. Chez mes parents dans l’Essonne, je ne faisais plus rien. Je ne pouvais reprendre mes études, il aurait fallu aller à Paris et c’était loin. Ma mère étant morte, j’ai voulu retourner à Madrid, cette fois pour me former dans la traduction ou l’interprétariat, mais je suis tombée malade, ce fameux asthme dont j’ai parlé… A Paris, j’ai enseigné à nouveau le solfège et le clavier à des enfants de mon immeuble. Cela n’a pas duré, mais j'ai été appréciée. Puis, merveille des merveilles ! l’ordinateur est rentré chez les familles, suivi  par l'Internet. Je me suis jetée dessus. J’écrivais depuis quelques temps des semblants de poèmes. La nostalgie aidant, j’ai commencé en espagnol. J’ai appris toute seule en lisant Baudelaire pour le français et Antonio Machado pour l’espagnol. Sur Internet, j’ai découvert des sites de poésie, je m’y suis inscrite et c’est là que ma nouvelle activité, la plus durable, est apparue, l’écriture.

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S
Courageuse dans l'adversité. Ceux qui n'ont pas d'Histoire n'existent pas (dans tous les sens du terme. Dans la "vraie", on nait, on est aimé ou pas, puis on commence à découvrir le monde et à souffrir puisqu'il n'est pas beau...<br /> <br /> On en fait alors ce que l'on veut : être ou ne pas être, se protéger ou pas, se casser la "gueule ou ne rien faire. Renoncer ou pas?<br /> <br /> Subir ou se battre puis devenir prudent, encore prudent pour ne plus se brûler...les ailes. Accomplir ce pour quoi on semble fait. Accepter sa vraie famille pour ce qu"elle donne ou ne donne pas. Nous sommes tous si différents mais si semblables dans nos malheurs. Certains plus que d'autres et d'autres moins que certain s. Il faut prendre au 1er degré tout ce qui vous est donné. Et surtout ne pas laisser quiconque nous nuire..<br /> <br /> Le plus beau, dans la vie, est ce que nous percevons de nous. Beaucoup se protègent par peur des autres. Ils peuvent être agressifs, mauvais, pervers. Tous les vices son t dans la nature et en même temps toutes cette beauté sur notre Terre...<br /> <br /> <br /> <br /> A bientôt à vous et caresse au chat. Chipie est là et je bénéficie provisoirement d'un siamois aux yeux superbement bleus louchants. Chipie du haut de ses 3 kgs le déteste et le fait fuir. Mais perdu, il revient touchant, acceptant qu'elle lui crache des horreurs dans son langage de chatte..<br /> <br /> J'espère que vous avez enfin votre 2 pièces.
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  • Journal si on veut, mais pas spécialement intime. Articles divers sur tout ce qui titille l'esprit. Le titre est inspiré d'un fait réel : début octobre 20... quelqu'un offrit une feuille encore verte arrachée d'un arbre à l'auteur de ces mots.
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